Badges mains libres : privilégier le confort
Avec la RFID, plus besoin de contact entre la carte et le lecteur, ni même d’une visibilité directe entre émetteur et récepteur. Peut-on encore parler de contrôle d’accès et de sécurité ? La réponse doit tenir compte de chaque situation et de l’équilibre recherché entre confort et sûreté.
La Radio Frequency IDentification désigne une grande famille de produits qui repose sur la transmission des ondes radio. Des informations, qui peuvent être plus ou moins cryptées, sont placées dans une puce intégrée à un support (badge, étiquette, etc.), et reliée à une antenne de quelques millimètres. Mise dans le champ d’un lecteur, la puce va transmettre des informations plus ou moins élaborées, la plus simple étant une identification numérique qui va, par exemple, permettre d’accorder un accès. La liaison entre carte et lecteur peut se faire par un couplage magnétique pour les courtes distances (inférieures à 1,5 mètre) et électrique pour des distances plus grandes. Dans ce cas, ce sont des Ultra hautes fréquences (UHF, de 860 à 960 MHz) qui sont utilisées, voire des Super hautes fréquences (SHF, de 2,45 MHz).
Badges actifs, passifs ou semi-passifs ?
Les badges peuvent contenir une source d’énergie qui transmet un signal à un lecteur de manière autonome. Ceux dits actifs permettent de transmettre des informations en temps réel, de manière autonome, et peuvent être lus à une très grande distance. En revanche, leur durée de vie est limitée, et la confidentialité des informations transmises est plus fragile, en raison notamment d’un risque d’interception. Leur coût est souvent plus élevé. Les badges passifs, eux, n’émettent pas de signal, et doivent être placés à une distance raisonnable du lecteur qui va émettre et puiser les informations dans la puce. De durée de vie quasi illimitée, peu chers, ils largement utilisés pour marquer des produits. Si certains tags passifs peuvent être lus à des distances proches de la centaine de mètres, cela demande des lecteurs puissants. Enfin, les badges semi-passifs (ou semi-actifs) se comparent aux actifs dans la mesure où ils possèdent une batterie. Cependant, ils n’émettent que lorsqu’ils sont placés dans le champ du lecteur ou à intervalles réguliers prédéterminés. Ils sont également moins onéreux que les badges actifs et plus performants que les passifs.
L’application reine : le contrôle des véhicules
Alors, quel modèle choisir et pour quelle application ? Claude Poasevara, directeur technique chez Alcea, concepteur de solution de contrôle d’accès, se penche sur ces solutions. «  En tant que concepteur de solutions de contrôle d’accès, nous avons une vision globale des demandes du marché. Dans l’ensemble, les technologies mains libres sont plutôt en perte de vitesse, essentiellement pour des raisons de sécurité, notamment les systèmes mains libres standards 125 kHz utilisant des badges passifs. Actuellement, la tendance du marché se reporte sur des lecteurs à fréquence 13,56 MHz, à mémoire, qui permettent des échanges beaucoup plus sécurisés, mais nécessitent une présentation du badge à moins de 10 cm. Toutefois, il ne faut pas négliger un usage qui privilégie le confort. Par exemple, c’est le cas des télépéages. La technologie UHF 800 MHz qui active les récepteurs dans une zone de 10 à 15 m permet aux véhicules de passer un poste de contrôle sans avoir à marquer l’arrêt. Cela est particulièrement utilisé pour les parkings salariés, pour lesquels l’accès se fait chaque jour sur une période de quelques minutes le matin et le soir. On gagne en fluidité, tout en ayant un contrôle sur les véhicules qui pénètrent. On peut d’ailleurs y associer un système de lecture de plaques.  » Un autre exemple, celui du CHU de Nancy qui s’étend sur une dizaine de sites, avec des centaines de véhicules qui circulent tous les jours : ambulances, camions de pompiers, SAMU, services techniques et visiteurs. « Les badges RFID longue distance permettent de trier et filtrer les véhicules autorisés sur les voies réservées, et de fluidifier la circulation, explique Pierre Bonzom, P-DG d’ELA Innovation qui a développé les badges pour l’hôpital nancéen. Sur chaque borne, en fonction de son environnement, on peut paramétrer la distance d’ouverture de la barrière. »
PMR et zones stériles, une application historique
Mais l’accès véhicules n’est pas la seule application qui intéresse la longue distance, comme l’explique Matthew Mendes, responsable ventes de Paxton France : « Nous sommes spécialisés dans le contrôle d’accès depuis trente ans. Notre objectif ? Couvrir 80 % du marché, en créant des produits simples à installer et à gérer que ce soit pour une PME ou une grande entreprise. Nous proposons des solutions filaires et radios, mais ce qui est important, c’est que nos solutions sont évolutives et peuvent se déployer très rapidement sans travaux de gros œuvre. La volonté de développer une solution mains libres est venue d’une demande bien spécifique au départ : celle de permettre aux PMR (Personnes à mobilité réduite) de pouvoir circuler dans les zones pour lesquelles elles ont une habilitation, sans solliciter l’assistance d’un tiers. Mais ils peuvent être utilisés dans d'autres secteurs comme les établissements possédant des salles blanches. L’utilisateur va régler pour chaque lecteur la distance qui permet l’ouverture : de 80 cm pour un passage piéton, à 5 m pour un accès voiture. »
Associer longue et courte distance
Le confort se fait-il forcément au détriment de la sécurité ? Paxton a développé la gestion des deux types de contrôle, proximité et longue distance sur un même badge. Ainsi, le porteur devra présenter son badge à proximité sur les accès sensibles, mais en sera dispensé sur les accès mains libres. « C’est une solution que nous avons pu constater dans certains sièges sociaux, souligne Claude Poasevara (Alcea). Les dirigeants peuvent ouvrir à distance les accès standard, mais utilisent un système proxy pour leur bureau personnel. Un compromis que l’on peut juger satisfaisant. » Si la notion qui différencie un accès très contrôlé d’un accès contrôlé mais fluide est désormais acquise par les entreprises, la demande porte sur des éléments qui peuvent paraître accessoires comme le confirme Matthew Mendes : « Ce qui fait aujourd’hui toute la différence, c’est un paramétrage simple et sur mesure, une esthétique soignée, et le moins de maintenance possible. À ce titre, nous proposons une garantie de cinq ans avec remplacement à neuf en cas de défaillance d’un élément. »
« Toutefois, compte tenu des risques que cela représente pour la sécurité, les facilités de clonage de cartes, le choix d’un système mains libres doit être bien réfléchi et réservé à des zones où le confort ne nuit pas à la sécurité », conclut Claude Poasevara, le directeur technique d’Alcea.
Technique
Quelle fréquence choisir ?
La question revient fréquemment de savoir si les produits UHF à 868 MHz remplaceront les produits à 2.45 GHz... La réponse est non. Les deux produits sont destinés à des applications différentes. Chaque fréquence ayant ses propres caractéristiques et ses propres qualités.La technologie passive UHF (EPC Gen 2) offre une solution économique pour l’identification de personnes ou de véhicules à distance. Nos lecteurs UHF à 868 MHz sont utilisables dans de nombreuses situations en raison de leurs dimensions restreintes. La technologie semi-passive à 2,45 GHz offre une solution pour l’identification de personnes ou de véhicules, dans tous types d’environnement. Nos produits de la gamme HyperX à 2,45 GHz sont utilisables dans les situations les plus critiques : ils permettent une identification en dynamique et à haute vitesse (200 km/h).
Magali Gallier, Responsable produit, Balogh RFID
Le point de vue d’un fabricant
Dorian Penner, Directeur commercial et marketing, Adveez
« Faciliter l’accès aux véhicules de service »
« Dans une zone aéroportuaire, les prestataires doivent faire face à une circulation intense de véhicules de service (tracteurs de chariots à bagages ou élévateurs, véhicules d’approvisionnement ou techniques…). L’objectif de notre client était double : d’une part, s’assurer que seules les personnes formées et autorisées puissent utiliser les engins, et ainsi réduire le risque d’accidents aux lourdes conséquences avec les avions, et d'autre part, éviter au conducteur d’avoir à badger plus de 80 fois par jour pour accéder au véhicule. Pari réussi avec notre badge mains libres qui reste dans la poche. Les conducteurs des engins sont identifiés à environ un 1,5 m du véhicule, et peuvent y accéder sans avoir à positionner le badge sur un lecteur, ce qui est particulièrement appréciable pour des manutentionnaires qui circulent bien souvent les bras chargés. »
Le point de vue d’un fabricant
Pierre-Antoine Larrera de Morel, Directeur commercial, STid
« Le concept de badge mains libres et de contrôle d’accès est une réalité. »
« Si le badge mains libres peut être utilisé pour des raisons de confort, de fluidité et de filtrage, notamment pour les véhicules, il n’est pas souvent employé pour des accès très sécurisés. En effet, plus la portée est longue, plus le risque est grand que l’accès soit ouvert et laisse pénétrer une personne qui n’est pas porteuse du badge. Toutefois, les aspects confort et fluidité sont tout à fait légitimes dans de nombreuses situations où ils peuvent même être prioritaires sur l’aspect sûreté. Pour bénéficier d’une combinaison optimale, nous avons développé des badges passifs avec des technologies Haute fréquence (HF) et Ultra haute fréquence (UHF) sans pile qui présentent l’avantage de ne pas avoir de limite de durée de vie. Couplés aux technologies d’identification HF les plus sécuritaires, ils répondent de manière transparente aux deux exigences pour l’usager. En mains libres, ils peuvent être mis en place lorsque le geste de présentation devant un lecteur est jugé mal aisé (bras encombré, conduite de véhicules sur un chantier ou dans un entrepôt) ou lorsqu’une manipulation n’est pas souhaitable, comme dans un environnement stérile par exemple. Le badge mains libres prend en revanche tout son sens pour l’accès véhicules. La gestion des parkings d’entreprises est un exemple flagrant, avec des avantages évidents : pas d’usure, un système économique, une gestion des flux tout en gardant le contrôle sur les véhicules qui entrent. De même, sur les parcs importants de véhicules (loueurs, constructeurs automobiles), des applications ont été développées pour pouvoir retrouver un véhicule donné en circulant dans les travées du parking à l’aide d’un lecteur mobile. »
Tendances
Formation gratuite chez Paxton !
Afin d'éduquer le marché français du contrôle d'accès et lui faire découvrir ses solutions, l'Anglais Paxton a trouvé un moyen radical d'attirer les installateurs : les formations gratuites, ce que nous indique Gareth O'Hara, directeur ventes et marketing : « Cette offre s'inscrit dans notre stratégie pour l'année 2015 en France, explique Gareth O'Hara, directeur ventes et marketing. Nous voulons commencer à attaquer le marché français en y développant notre service après-vente, notre fonction support et notre offre de formations. Nous sommes convaincus que le meilleur moyen de s'implanter durablement sur un marché est de convaincre les installateurs de la qualité, de la simplicité et de l'efficacité de nos solutions. » Est-ce la gratuité qui décide les installateurs à venir à Brighton, au siège de la marque ? En tout cas, cette initiative semble plaire puisqu'au cours des deux premiers mois, 80 installateurs ont assisté aux sessions de formation du Britannique.