Protection volumétrique ou périmétrique. Que choisir ?
Faut-il installer une protection périmétrique et subir des déclenchements intempestifs ? Doit-on choisir une protection volumétrique, qui ne se mettra en marche que tardivement et laissant peu de temps pour réagir ? Des questions que se posent les responsables de sécurité pour protéger leurs sites.
Soyons clairs, en matière de systèmes anti-intrusion, reconnait Eric Marciano, business development manager chez Alcea, concepteur et fabricant, l’infaillibilité n’existe pas face à des individus motivés et équipés. L’objectif, aussi bien des protections périmétriques que volumétriques, est le déclenchement d’une alarme le plus précocement possible afin de gêner et ralentir la progression d’individus malveillants tout en limitant leur temps de présence sur site. » Ceci étant dit, les budgets de sûreté n’étant pas extensibles à l’infini, comment arbitrer entre protection des locaux et celle de leur environnement ?
Protection périmétrique : bien analyser l’environnement
Tout d’abord en analysant le site et les besoins du client, indique Jacky Saget, Directeur Général de Cojitech, intégrateur de solutions de sûreté à Nantes : « Si la protection volumétrique est assez facile à mettre en œuvre, la protection périmétrique extérieure doit, quant à elle, faire l’objet de toutes les attentions, d’une part parce que c’est le premier rempart en cas de tentative d’intrusion et d’autre part parce qu’en extérieur, les conditions environnementales sont beaucoup moins maitrisables que dans un local fermé. Le site est-il soumis aux intempéries ? Est-ce une zone passante ou isolée ? Existe-t-il des supports de communication pour la transmission des informations afin d’éviter des travaux de génie civil ? La mise en œuvre d’un réseau radio sécurisé est-elle possible ? En tant qu’intégrateur, il nous faut trouver la solution optimale qui bien souvent sur un site nécessitant une haute protection ne peut se contenter d’un seul système. »
Valeurs importantes, favoriser le périmétrique ou le volumétrique extérieur
D’ailleurs, comme le rappelle Pascale Provost-Raynard, directrice du développement chez Predetec, installateur de systèmes anti-intrusions : « Plus la valeur des biens est importante, plus nous conseillons de sécuriser le périmètre extérieur. Quand un malfrat arrive dans le local où se trouvent les valeurs, il est souvent trop tard pour réagir. C’est pourquoi, dans le cas de locaux contenant des matériels à forte valeur ajoutée ou des machines, nous installons souvent des barrières extérieures infrarouges ou des détecteurs volumétriques extérieurs infrarouges. Il s’agit d’une détection d’approche, avant la protection périmétrique du bâtiment via des détecteurs d’ouverture ou la simple détection volumétrique intérieure des locaux, qui est plus efficace. Dans l’idéal, il est toujours préférable de mixer les moyens de détection anti intrusions en installant du périphérique, du périmétrique et du volumétrique, pour être certain d’avoir plusieurs niveaux d’alerte. »
Améliorer la sécurité en associant les technologies
« Même en cas de budget serré, insiste Éric Marciano, Alcea, il semble peu logique de ne pas renforcer la protection périmétrique par une protection volumétrique. » En effet, tout miser sur le périmétrique, c’est laisser le champ libre à un individu malveillant qui a réussi à pénétrer dans le périmètre, par exemple aux heures d’ouverture ou en déjouant le contrôle d’accès. La solution ? L’association de technologies, ce que fait régulièrement un intégrateur comme Cojitech qui nous parle d’une de ses dernières réalisations sur un site industriel sensible « Nous avons mis en place un câble sensible sur clôture micropoint combiné à un dispositif de vidéo-surveillance constitué de caméras Axis fixes et mobiles. En cas d’intrusion, l’activation du câble va communiquer l’information à la vidéo pour assurer la levée de doute en enclenchant un pré positionnement sur la zone incriminée. » Une association de technologies qui peut se faire également entre tous les systèmes l’essentiel étant que détection d’intrusions, contrôles d’accès et vidéo-surveillance arrivent à dialoguer entre eux, pour fournir des informations pertinentes et exploitables.
Le point de vue d’un intégrateur : Sébastien Allaire Responsable activité distribution, Eryma
« Périmétrique ou volumétrique : le coût ne doit pas être le seul critère»
« Si on se place sur le plan purement budgétaire, sur un site existant, une protection volumétrique est, au premier abord, plus avantageuse : pas ou peu de génie civil, des surfaces moindres à protéger, des technologies moins onéreuses ; mais attention, le coût ne doit pas être le seul critère. Lorsque l’alarme volumétrique se déclenche,
cela signifie que l’intrus a déjà atteint sa cible ! C’est donc à mettre en regard avec les risques du client et les valeurs à protéger. La protection périmétrique, elle, a un rôle retardateur permet d’intervenir avant la pénétration sur le site et peut avoir un rôle fortement dissuasif, lorsque par exemple une alarme sonore se fait entendre. Chez Eryma, nous offrons plusieurs solutions de protection périmétrique en fonction des différents besoins des clients. En entrée de gamme, la référence la plus demandée est le câble piézo-électrique. Il se place facilement sur une clôture existante, consomme peu et convient à des budgets serrés. Ce capteur réagit aux vibrations, c’est pour cela qu’il est important de le placer sur un environnement dégagé de végétation
et de le relier au système vidéo pour la levée de doute. Pour des sites hautement sensibles, tels que des sites militaires, énergétiques, nous proposons le Capfit, un capteur fil tendu d’1,2 mm qui se pose en bavolet ou en seconde peau directement sur la clôture. Il réagit à une force d’environ 20 kg, à l’écartement, la coupure ou l’escalade. Entièrement mécanique, il ne subit pas les aléas des intempéries ou des réseaux de transmission. C’est aujourd’hui, un des capteurs les plus fiables du marché, avec un taux de fausses alarmes inférieur à 1 par an par km ! Dans d’autres configurations, nous installons aussi des barrières hyperfréquences qui ont l’avantage par rapport à des barrières infrarouges de protéger un volume plus important, et donc d’être plus compliquées à franchir. Si pour être installées, comme l’infrarouge, ces barrières nécessitent un champ libre entre l’émetteur et le récepteur elle présente l’avantage de ne pas être perturbées par la pluie ou le brouillard, et peuvent couvrir des distances jusqu’à 250 m. C’est une solution qui convient à des sites de type industriel, mais pas seulement. Nous avons récemment équipé les voies de circulation du parking d’une grande entreprise confrontée à des vols. Lorsqu’un individu se trouve sur les voies de circulation, sans être passé par le poste de garde, une alerte est levée et confirmée par la vidéo. Une identification de la personne peut alors être faite. Ici, le système périmétrique rejoint volumétrique puisqu’il protège directement les biens à l’intérieur du parking. ».
Le point de vue d’un fabricant : Franck Darde , Directeur commercial, Matech
« L’efficacité de la protection périmétrique est directement liée à la qualité de l’installation »
« Il arrive que des clients renoncent à une protection périmétrique sous prétexte d’un trop grand nombre de déclenchements injustifiés. Pourtant lorsqu’on analyse le site, la technologie est rarement en cause. Le non-respect des critères d’installation est souvent à l’origine de dysfonctionnements (nombre d’alarmes intempestives élevées, détériorations) et entraine souvent l’immobilisation du système et des coûts des remises à niveaux. Je citerai, deux exemples auxquels nous sommes régulièrement confrontés : les barrières infra-rouges, pour lesquelles la distance maximale prévue par le fabricant entre l’émetteur et le récepteur n’est pas respectée et qui, bien évidemment, ne fonctionnent pas correctement, et les câbles de détection sur clôture de type Intrepid Micropoint pour lequel l’installateur ne met pas en place de parafoudre, pourtant préconisé par le fabricant. Nous rencontrons régulièrement des installations à refaire complètement, suite à un orage, alors que l’utilisation de parafoudre aurait limité les dégâts. Un autre point qu’il faut souligner, c’est l’entretien indispensable de l’environnement du sysme de détection, indépendamment de la maintenance technique faite par un installateur. Parmi ces actions d’entretien, on peut citer le nettoyage et le drainage des sols, l’élagage, le nettoyage régulier des lentilles, des vérifications de l’éclairage, et de l’alimentation électrique, le remplacement des consommables et enfin des tests réguliers d’alarmes. ».
3 Questions à : Jean-Baptiste Foehr
CRITT, centre de conseil en innovation technologique pour le transport et la logistique,
Zone portuaire du Havre
Comment intervenez-vous en tant que conseil sur la protection périmétrique ?
Nous sommes conseil en logistique. Notre rôle est d’accompagner les PME logistiques, mais aussi de favoriser le développement portuaire du Havre et de piloter
des projets européens dans le domaine logistique. C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous avons réalisé le guide pour obtenir la certification opérateur économique agréé (OEA), certification qui oblige les entreprises à justifier d’une protection périmétrique.
Qu’apporte cette certification ?
Cette certification entrée en vigueur en 2008 dans un contexte de lutte antiterroriste permet de valider que les entreprises détentrices ont un niveau de sécurité satisfaisant au regard des douanes. Elle exige, entre autres, que le système de protection du périmètre vidéo soit couplé à système de détection de mouvement. Elle est quasiment indispensable pour travailler avec des entreprises américaines.
Quels matériels recommandez-vous ?
Pas de type de matériel en particulier, car le choix infrarouges, laser ou autres doit vraiment se faire après analyse du site. En revanche, nous conseillons de s’adresser à des installateurs reconnus pour éviter les mauvaises surprises ! La protection des valeurs par des systèmes périmétriques et volumétriques constitue un argument commercial de poids pour tous les clients de nos logisticiens. Sans parler de produits de luxe, il faut se rendre compte qu’une simple palette de lames de rasoirs, se chiffre en milliers d’euros !