Contrôle d'accès : entre mobilité et confidentialité
Qui doit avoir accès à quels locaux et à quand ? Une question que doivent gérer de façon optimale les entreprises pour la sécurité des biens et des personnes qui s’y trouvent. Pour organiser les circulations en fonction des habilitations et des plages horaires, l’offre est aujourd’hui pléthorique et les technologies de plus en plus pointues. À chaque entreprise de bien définir ses besoins en termes de contrôles afin de choisir une technologie qui s’intègre à la sécurité globale de l’entreprise et d’y associer, le cas échéant, d’autres services.
Le contrôle d’accès est un sujet complexe, très technique mais au fond la technologie importe peu, déclare un brin provocateur Pascal Loiseau, directeur de l’activité Sûreté chez Siemens. Lorsque nous rencontrons un client, il faut arriver à comprendre ses besoins en termes de sécurité et de mobilité : Quelles circulations possibles pour les salariés ? Quels types d’habilitations et d’autorisations ? Pour combien de sites ? Pour quelles durées ? Avec quel degré de sécurité et confidentialité ? Par exemple, nous proposons Siport une solution pour les entreprises internationales qui gère les accès en tenant compte des décalages horaires, mais il est évident que pour une société installée sur un seul site cette option n’aucun intérêt ! En revanche, cette même entreprise pourra apprécier notre proposition Sipass qui permet le dialogue entre les logiciels de contrôle d’accès et de ressources humaines : l’accès à une zone de travail donnée va par exemple déclencher la comptabilisation des heures. » Gestion individualisée des accès des salariés et des visiteurs, une problématique qui concerne aujourd’hui toutes les entreprises « Nos solutions, détaille Maeyke Gielen, responsable marketing Honeywell Security, s’adressent aussi bien à de toutes petites PME, qui ont 4 portes à contrôler qu’à de grands groupes internationaux. Avec Win-Pak®, nous pouvons gérer jusqu’à 31 500 accès pour un nombre de porteurs de badges quasiment illimité en différenciant individuellement les zones et les créneaux horaires sur un ou plusieurs sites ! »
Des systèmes performants, faciles à gérer et interopérables
Au-delà de l’individualisation des accès, il est clair que la demande porte sur la facilité d’utilisation, notamment pour les gestionnaires de sécurité qui sont amenés à les délivrer, comme le souligne la représentante d’Honeywell Security « nos badges sont simples à paramétrer et notre logiciel de gestion présente la particularité de posséder une mémoire tampon : en cas de perte, le badge peut être réédité sans avoir à rentrer toutes les données, tout en bloquant le badge égaré pour éviter les utilisations malveillantes. » Des badges qui doivent être fonctionnels et sûrs, notamment lorsqu’il s’agit d’accéder à des locaux où il n’y a personne. Comme c’est le cas des garages à vélo dans les gares. « En Val de Loire, la Région en partenariat avec la SNCF a installé une dizaine d’abris à vélos détaille Hélène Fortier, responsable du projet. Les abonnés TER peuvent obtenir une carte qui leur permet d’accéder aux box 24 heures sur 24. Environ 200 passagers utilisent ce service quotidiennement dans notre région. » Un badge développé par ARD une PME gapoise qui affiche plus d’un millier de sites sécurisés par badges à son actif. « Dans ce cas précis, la SNCF est en mesure de savoir à tout moment qui entre dans ces locaux et quand. Un système qui peut être associé à la vidéo surveillance. Essentiel pour la sécurité des vélos et des personnes ! », précise Frédéric Spagnou, président d’ARD. Pouvoir intégrer le contrôle de la circulation des personnes à un système de sécurité plus global comme le remarque la responsable d’Honeywell security : « Tout cela va dans le sens d’une protection cohérente de l’entreprise. Dans cet esprit, notre système Win-pak® peut être couplé aux autres systèmes de protection du site que ce soit avec nos propres solutions d’alarme anti-intrusion Galaxy® Flex, de vidéosurveillance tel que Maxpro®, ou celles d’autres opérateurs. »
Badges : plus besoin de contact
La tendance est à la carte sans contact. Il n’est désormais plus nécessaire de rechercher son badge dans le sac pour le présenter au lecteur. Anciens de Continental-Automobiles, Thibaut Kein et Karim Bendhia ont fondé Adveez en 2011 avec l’idée de transposer leur savoir-faire sur le déverrouillage des portières à distance au contrôle d’accès bâtiments, ce qui a donné naissance au badge mains-libres « Ce badge favorise la mobilité, car il ne nécessite aucune action de présentation de la part du porteur. Quel que soit l’orientation du badge, y compris dans une poche arrière de pantalon, il est lu et peut déclencher l’ouverture de la porte. Ce système radio bi-fréquence hautement sécurisé est réglable de 1 à 7 m, avec une précision de 10 cm. C’est-à-dire qu’il peut être utilisé pour une porte de local, mais aussi pour un accès véhicule. Particulièrement utile pour les personnes qui ont les bras chargées ou qui conduisent des transpalettes ! Notre système qui peut contrôler plusieurs milliers de badges jusqu’à 512 points d’accès sans fil, peut lire des technologies plus classiques (mifare, 125 kHz…) et également se greffer sur des systèmes déjà en place. »
NFC, le téléphone ouvre les portes
Mais demain… le contrôle d’accès se fera sans doute sans badge avec le NFC, (Near Field Communication), un système qui permet de dématérialiser les identifiants, en accordant l’accès via une puce portée par le téléphone portable qui peut alors ouvrir les portes pour lesquelles l’abonné a une autorisation. Déjà en Suède la chaîne d’hôtels Clarion a expérimenté le NFC pour l’accès aux chambres. Les constructeurs automobiles comme Hyundai, Daimler ou Renault intègreront cette technologie dès 2014 dans leurs nouveaux modèles. Une solution qui intéresse fortement les sociétés de location. Pour l’instant, beaucoup d’industriels prêts du point de vue technologique émettent des réserves sur le prix pour le client –  seuls certains smartphones sont compatibles – mais aussi sur le cryptage et la confidentialité des données. La société aixoise Mios, spécialisée dans les solutions matérielles et logicielles de communication Machine to Machine, franchira le pas dans quelques semaines en commercialisant sa solution « Miosaccess déjà valable pour les cartes RFID va pouvoir s’étendre aux puces NFC indique Xavier Bon, Président de Mios. Cette solution NFC est sécurisée peer-to-peer, c’est-à-dire directement du lecteur d’accès au téléphone et la gestion est totalement indépendante des opérateurs téléphoniques, Notre applet est valable quelle que soit la marque de téléphone ou le réseau utilisé. De grands groupes de distribution, possesseurs de flottes de smartphones pour leurs salariés, se sont montrés très intéressés pour avoir une gestion optimale des contrôles d’accès via le téléphone portable et certains devraient démarrer dès le mois prochain. » Une solution qui devrait se généraliser dans les années à venir pour gérer les accès des prestataires extérieurs pendant des créneaux horaires précis (livraisons, nettoyages…) sans qu’ils aient à se déplacer auparavant.

Tout gérer à partir d'une carte unique !
PHILIPPE Fonton
Country Manager France & Benelux de Nexus
« L’avenir, affirme enthousiaste Philippe Fonton, Country Manager France & Benelux de Nexus, société suédoise implantée depuis 1988 en France, se trouve dans le support unique aussi bien pour le contrôle d’accès logique que physique. Cette solution que nous avons développée permet aujourd’hui de produire et gérer le cycle de vie d’une carte, la common access card, et ses droits associés, mais demain ce sera peut-être une empreinte biométrique ou le téléphone portable. C’est avec la volonté de faire converger l’ensemble des protections que Nexus au départ spécialisé dans le contrôle d’accès logique a racheté une société allemande spécialisée dans le contrôle d’accès physique. Désormais grâce à notre logiciel Nexus Credential Manager, l’entreprise peut de façon centralisée, à la fois gérer les accès physiques sur différents sites et zones, selon des plages horaires de chaque salarié pour accéder au parking ou à la cantine par exemple, mais également pour l’accès au poste de travail, et ce depuis un seul badge. Outre la facilité de configuration qui peut être faite centralement ou localement, cette solution élimine l’utilisation de mots de passe qui vulnérabilise la sécurité. Dès cet automne un grand constructeur automobile allemand déploiera pour ses  300 000 salariés dans 19 pays la common access card. Ainsi, lorsqu’un cadre se déplacera des usines de Wolfsburg à Bruxelles, les portes s’ouvriront grâce à son badge unique ! »
TÉMOIGNAGE : Thierry Canisares,
Responsable facilities et maintenance,  « Measurement specialties » Toulouse
« Une circulation facilitée de jour comme de nuit dans des zones bien déterminées »
« Spécialiste des capteurs industriels (automobiles, pharmaceutiques, aéronautiques…) nous avons aménagé sur 6000 m2, il y a 14 mois. Notre problématique était de pouvoir contrôler les accès des 200 salariés mais en les répartissant en une trentaine de groupes qui tienne compte des autorisations – il n’est pas question que tout le monde accède au stock ou à la salle informatique – et des plages horaires : la production travaille en 3 X 8, alors que dans les locaux administratifs nous gérons des autorisations d’accès " heures de bureaux ". De plus, il nous fallait un lot d’une vingtaine de badges mains-libres, pour les manutentionnaires entre autres. Nous avons retenu la solution de contrôle Adveez centralisé par radio, avec 25 points de contrôles, qui peut être géré par nos informaticiens. Cela nous évite également d’avoir du personnel dédié au contrôle d’accès. »
Lorsque le poste de contrôle d’accès se déplace
Arrêt technique dans l’industrie, évènements sur site extérieur, travaux neutralisant les accès habituels… Quelle solution pour le contrôle d’accès ? La société Cavas située au Lanquetot en Normandie s’est spécialisée dans des solutions mobiles de contrôle d’accès en location. « En quelques heures nous pouvons installer sur l’ensemble du territoire un ou plusieurs postes de contrôle sur un espace clôturé pour une période temporaire
de quelques jours à plusieurs mois, indique Bertrand Levasseur, directeur adjoint de Cavas. Nous proposons le Guardaccess ®, une offre globale
qui comprend la mise en place des accès, le paramétrage des bornes en maximum en 4 heures, la formation du personnel à l’émission de badges nominatifs et une télémaintenance. Notre expérience nous permet de gérer des flux allant jusqu’à  plus de 20 000 personnes par jour suivant le nombre de modules installés. Mais au-delà des modules nous offrons aussi des outils de gestion des habilitations, du contrôle des présences (en autre obligatoires pour des raisons de sécurité sur les chantiers BTP ou sur les sites industriels et tout à fait apprécié par les sociétés engagées dans la lutte contre le travail clandestin). Bien entendu, si l’entreprise le souhaite nous pouvons intégrer à nos modules son propre logiciel de gestion des accès. » Une solution utilisée régulièrement pour l’Armada à Rouen, mais aussi par de grands groupes pétroliers, des sociétés de gardiennage ou des grandes entreprises du BTP.
Sur le terrain : Mobilité réduite, quel contrôle ?
Lecteurs de badges inaccessibles, portes difficiles à manipuler, mobilisation d’un tiers pour les déplacements dans l’entreprise, etc. La question du contrôle d’accès se complexifie dès qu’il s’agit des personnes à mobilité réduite. Pour PricewaterhouseCoopers, la société de conseil internationale, il était essentiel que les PMR puissent circuler normalement dans les zones où elles sont autorisées à être. À ce titre elle a demandé à la société Domodep, bureau d’études et fabricant spécialisé dans l’adaptation des locaux aux PMR, d’étudier une solution compatible avec le contrôle d’accès prévu dans les bâtiments de son siège de Neuilly. « Nous avons retenu la solution du badge main libre Adveez, que nous avons complétée par une motorisation de l’ouverture des portes, explique Thierry Boinay directeur de Domodep. Ainsi, en fonction de leur habilitation, les PMR se déplacent dans l’entreprise en toute autonomie. C’est d’ailleurs cette solution que nous avons préconisée aussi pour les Douanes. »
Agents de sécurité : eux aussi mobiles
Sur les sites hautement sensibles, (aéronautique, nucléaire, pétrochimie…), il est indispensable de pouvoir contrôler que les personnes qui sont sur une zone donnée, sont bien autorisées à s’y trouver. La solution proposée par STid se rapproche des lecteurs utilisés par les contrôleurs dans les transports. « Grâce à nos terminaux portables qui tournent avec une application Windows allégée, les agents de sécurité qui circulent sur un site peuvent à tout moment lire le badge RFID des salariés pour s’assurer de leur habilitation, détaille Pierre-Antoine Larrera de Morel, directeur de STid, société spécialisée dans les technologies d’identification sans contact par radiofréquence. C’est aussi une solution qui permet par exemple de contrôler un bus sans faire descendre les passagers pour aller pointer sur le lecteur. Nous avons intégré les mêmes clés de sécurité que sur les lecteurs muraux, stockées et protégées sur la tête de lecture, ce qui permet au client de rester maître
de ses données confidentielles. »
Une tablette pour sauver les vies
Sur les sites SEVESO, ICPE ou certains chantiers BTP la société est tenue de savoir en permanence qui se trouve où. Mais en cas d’incident, et s’il faut quitter précipitamment les lieux, la situation se complique « Nous avons développé une tablette connectée au système de contrôle d’accès, explique Pascal Loiseau directeur sûreté de Siemens En cas d’ordre d’évacuation, l’agent de sécurité emporte la tablette et peut accéder aux informations de présence zone par zone. De sa tablette il peut pointer les personnes aux points de rassemblement mais aussi celles qui ont quitté le site sans se manifester. S’il constate que du personnel est resté sur place, il peut alors déclencher les opérations de secours et les orienter vers les zones adéquates. »