Contrôle d’accès par badge : contact ou sans contact ?
Le badge est devenu la norme pour circuler dans les entreprises et accéder aux différents locaux ou services. Souvent édité par l’entreprise elle-même, qui peut configurer ou annuler à volonté les habilitations, le badge permet un traçage des accès et une identification des personnes. Si plusieurs possibilités s’offrent aux entreprises, aujourd’hui les technologies à contact marquent le pas pour céder la place sans contact ou sans badge !
Dès les années 70, la nécessité d’identifier les personnes autrement que par la reconnaissance de visu s’est fait sentir. Et la première technologie contact qui a vu le jour dans le contrôle d’accès est celle du code-barres. Le principe est simple, un lecteur optique lit le code-barres et le met en relation avec les codes autorisés. Le code est reconnu, l’accès s’ouvre, le code n’est pas reconnu, l’accès reste fermé. Pour éviter une copie des codes, les fabricants ont proposé des codes-barres masqués, qui ne peuvent être lus que par un lecteur optique et non à l’œil nu. Toutefois, si ce type de badge est très facile à mettre en œuvre, le niveau de sécurité reste très faible. Il reste cependant très utilisé pour contrôler des accès comme le restaurant d’entreprise, des manifestations ponctuelles, les accès à des centres de loisirs. Comme le reconnait ce responsable technique d’un centre aquatique, « ce n’est peut-être pas très sécurisé, mais cela permet un comptage précis des utilisateurs, et sur le plan commercial, cela donne la possibilité de faire des offres d’abonnements mieux adaptées en fonction de la fréquentation du centre. Quant aux possibilités de fraude, certes, elles existent, mais je reste perplexe à l’idée de s’ingénier à produire une fausse carte pour économiser une entrée à moins de 3 € ! »
La démagnétisation : le problème majeur des cartes magnétiques
Contemporaine des cartes à code-barres, les cartes magnétiques ont fait leur entrée dans le contrôle d’accès et reste encore très présentes dans les parkings et les transports. La lecture se par contact, insertion de la carte dans un lecteur, ou défilement devant une tête de lecture. Le numéro d’identification est incorporé dans la piste magnétique située généralement au dos de la carte L’encodage se fait généralement selon la norme iso 7811, sur 3 pistes. La bande magnétique peut être noire ou haute coercivité (HiCo) ou brun clair, basse coercivité (LoCo). La notion de coercivité correspond à la capacité à se démagnétiser, et donc à la perte des données inscrites. Les pistes HiCo sont plus résistantes à la démagnétisation que les LoCo, mais ces dernières sont moins chères. La démagnétisation, est l’un des problèmes récurrents des badges magnétiques, mais pas seulement. Ce sont des badges très sensibles à l’usure et peu recommandé pour un usage très fréquent. De plus la vitesse d’insertion dans le lecteur (trop rapide ou trop lent) est un facteur de non-reconnaissance du code, très irritant pour le porteur du badge. Enfin la sécurité est loin d’être optimale, puisque la lecture et l’écriture sont libres et non protégées comme le signale Eric Marciano d’Alcea : « Une bande magnétique peut être crackée en quelques secondes, avec une simple loupe magnétique ». Des cartes à réserver donc pour des accès peu fréquents et ne nécessitant pas un haut niveau de sécurité. Dans les années 80 est apparue la carte à effet Wiegand qui a permis d’améliorer la sécurité des cartes magnétiques par adjonction au niveau de la piste magnétique de fils métalliques torsadés. Si dans de nombreux domaines ce type de cartes est le plus souvent remplacé par une carte à puce, ou carte mixte (puce/piste magnétique), dans le domaine du contrôle d’accès le système à effet Wiegand reste très populaire et convient à des secteurs avec une demande de sécurité peu élevée. Aujourd’hui encore, 90 % des lecteurs de badges en circulation possèdent une sortie Wiegand.
La révolution de la technologie sans contact avec le RFID
Avec l’émergence du RFID (Radio Frequency Identification), la société Alcea entre autres s’est très tôt penchée sur les applications possibles en contrôle d’accès de la technologie sans contact. « Que ce soit à bande magnétique ou à puce, nous considérons que le badge avec contact est aujourd’hui obsolète tant pour des questions de confort pour l’utilisateur que pour des questions de sécurité, rapporte Eric Marciano, Business development manager. Nous avons cru très tôt à la technologie sans contact pour le contrôle d’accès : nous proposons des badges sans contact depuis 1995. L’intérêt du sans contact se trouve dans sa technologie, plus robuste ne nécessitant aucune maintenance. Elle peut être utilisé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Confort bien entendu, parce qu’il suffit d’être à proximité du lecteur pour ouvrir une porte. Confort encore, en réduisant le taux de panne, parce qu’un simple chewing-gum introduit de manière malveillante dans la fente d’un lecteur magnétique suffit à le rendre inopérant. Mais c’est surtout la sécurité qui s’en trouve accrue, le cryptage des données par radiofréquence est beaucoup plus complexe et permet une protection plus sûre des locaux. » Le RFID s’appuie d’un côté sur une carte à puce contenant un identifiant et des données et reliée à une antenne. Placée dans le champ du lecteur, la carte communique avec celui-ci et peut en réponse autoriser l’accès. La distance opérationnelle déterminée par l’antenne va de quelques centimètres à plusieurs mètres et évite l’usure de la carte.
Se placer sur la bonne fréquence
Les premières cartes sans contact dites de proximité fonctionnant en basse fréquence, 125 kHz, ont connu un succès mondial immédiat : facilité d’installation, pas d’usure, plus de badge à sortir de son sac... Aujourd’hui, on peut dire qu’elles équipent la très grande majorité des accès d’entreprises ou de résidences immobilières. La seule réserve portant sur la quantité d’informations stockable sur la carte qui tourne autour de 100 bits, très insuffisant pour s’assurer de la sécurisation d’un accès sensible. À côté des technologies basses fréquences, s’est développé toute une série de solutions propriétaires à 13,56 MHz, telles que Mifare, Mifare+, Desfire, iClass…Dans ces badges qui font l’objet de standard ISO 14443-A/B, la mémoire plus importante permet de stocker un grand nombre d’informations, d’encrypter les données et même d’y inclure un certain nombre d’applications. La sécurité est optimale – on peut par exemple y mettre des données biométriques, en revanche, les systèmes sont rarement interopérables. Enfin, on trouve également les badges dits actifs, qui peuvent être lus à plusieurs dizaines de mètres avec des fréquences allant de 863 MHz à 2,45 GHz. Des badges surtout utilisés pour des passages de véhicules qui permettent aux chauffeurs de passer sans marquer l’arrêt. On les trouve bien sûr sur les autoroutes, mais aussi sur les accès des marchés de gros, certains parkings ou dans les zones portuaires.
L’avenir : l’accès sans badge, ni clé ?
La gestion des badges (édition, paramétrage, suivi, destruction) est souvent considérée comme lourde, même si les logiciels des fabricants sont de plus en plus ergonomiques. D’où la réflexion des industriels pour s’affranchir des consommables en garantissant un niveau de sécurité acceptable. D’un côté, la biométrie apporte des réponses prometteuses, avec des restrictions concernant l’utilisation des données et le respect de la vie privée. De l’autre, les technologies NFC (Near Field Communication) et Bluetooth devraient proposer des réponses dans les mois qui viennent. « On s’est focalisé, sur le NFC, explique Yves Ackermann, directeur des segments stratégiques chez HID global. C’est une excellente technologie qui consiste à émuler une carte RFID avec un smartphone et dont la sécurité est basée sur le secure element situé dans la carte SIM ou dans le téléphone. Cet identifiant virtuel va pouvoir être lu et l’information envoyée au système qui débloquera un accès pour une durée déterminée. Mais jusqu’à présent, même si de nombreux fabricants sont prêts, le secure element est sous la dépendance de l’opérateur téléphonique ou du fabricant du téléphone ce qui empêche la diffusion de cette technologie. De plus, pour l’instant, cela ne fonctionne pas avec les iphones. Nous nous sommes tournés à la fois vers la technologie bluetooth low energy, compatible iphone et android et vers NFC HCE, une nouvelle version de NFC qui s’est affranchie du secure element. Les utilisateurs peuvent faire l’acquisition de cartes virtuelles et les envoyer librement à des smartphones. Seos est une technologie d’identifiant avec une forte authentification (sous forme de carte ou sous forme d’application sur n’importe quel type de support de dernière génération) et indépendant des opérateurs téléphoniques. Tous nos lecteurs récents pourront être équipés d’un module Bluetooth, mode de contrôle d’accès qui s’affranchit des badges. »
Le point de vue d’un fabricant
« Carte MTE et lecteur transparent, pour la sécurité des sites sensibles »
Éric Marciano, Business Developper, Alcea
« La technologie sans contact ne repose pas uniquement sur les badges, mais sur l’autre partie du système : le lecteur. Nous venons de sortir notre carte MTE (multi technology encrypted) qui dialogue avec les nouvelles technologies de lecteurs dits « transparents » nous permettant déjà de répondre aux préconisations de l’ANSSI (agence nationale des systèmes de sécurité de l’information).
Sa particularité ? Aucune clé d’accès au badge n’est stockée sur la tête de lecture, et les données échangées avec le badge sont cryptées de bout en bout de la tête de lecture au contrôleur. Un système sans contact qui correspond à des besoins de haute sécurité comme l’industrie, le bancaire, le nucléaire ou encore le militaire. »
Témoignage
« Lecteur biométrique : s’affranchir de la gestion des badges »
Sébastien Greppo, Administrateur de l’antenne parisienne de l’Université de Chicago
« Nous recevons une petite centaine d’étudiants tous les trimestres, et auparavant, nous passions notre temps à éditer et à gérer des badges perdus ! Avec le système de lecture de veines Biovein, nous sommes certains que l’étudiant ne va pas oublier ses doigts le matin ! De plus, contrairement au lecteur d’empreintes digitales ou palmaires, c’est un système sans trace, ce qui facilite les formalités d’autorisation de la CNIL. C’est dans l’ensemble un système fiable et pour l’instant nous n’avons jamais eu de fausses authentifications, mais nous avons toujours un petit pourcentage de rejets.
Pour ces étudiants et les rares qui refusent l’enregistrement de leur empreinte veineuse, nous continuons à faire des badges d’accès, mais cela doit représenter à peine 2 ou 3 par an. »
Le point de vue d’un intégrateur
« Le choix des badges : un compromis entre confort et sécurité »
Jacky Saget, Directeur Général de Cojitech, intégrateur de solutions de sûreté, Nantes
« Aujourd’hui la demande des entreprises pour les nouvelles installations portent à 90 % sur des badges de proximité 13.56 Mhz de type Mifare ou Mifare Desfire, qui permettent d’ouvrir les portes (ou autres obstacles physiques) en présentant le badge à quelques cm du lecteur (entre 0 et 5 cm  suivant  l’environnement de l’accès et les fabricants). Cette technologie est effectivement à mon sens, le meilleur rapport confort de l’utilisateur/sûreté du site pour un budget somme toute raisonnable. Il peut nous arriver toutefois de choisir d’autres solutions en fonction des besoins des clients et de leur activité afin que le système de contrôle ne soit pas trop contraignant dans son utilisation. Par exemple pour une société importante de la région Ouest, dans laquelle le personnel est souvent amené à transporter à la main du matériel volumineux,
il est apparu que des lecteurs de proximité 125 kHz étaient mieux adaptés, car bénéficiant de distances de lecture plus importante que
le Mifare. En revanche, nous n’avons pas opté pour des badges commandant les ouvertures à plusieurs mètres de distance : l’ouverture doit rester un acte volontaire et contrôlé. La solution idéale n’existe pas, il s’agit toujours d’un compromis entre confort et sécurité. En tant qu’intégrateur, nous sommes également très attentifs aux interopérabilités entre les différents systèmes : le contrôle d’accès doit pouvoir dialoguer avec par exemple la vidéo, l’interphonie, la détection intrusion... C’est ce que nous avons réalisé avec le système Alwin sur un site sensible pour lequel le contrôle d’accès par badge est couplé à la lecture automatique des plaques minéralogiques. Seuls les porteurs de badges autorisés et dont le véhicule est enregistré peuvent accéder au parking. »